Depuis le début de la pandémie de COVID-19, nous n’avons cessé d’entendre parler de solidarité mondiale. Malheureusement, les mots seuls ne mettront pas fin à la pandémie et n’atténueront pas non plus l’impact de la crise climatique.
Il est temps de montrer ce que signifie concrètement la solidarité. Lorsque les ministres des Finances du G20 se réuniront à Venise, ils seront confrontés à trois tests décisifs de solidarité, à savoir : les vaccins, qui fournissent une bouée de sauvetage économique aux pays en développement et le climat.
Tout d’abord, les vaccins. Le déficit mondial de vaccination est un danger pour tout le monde. Le COVID-19 circule parmi les personnes non vaccinées et continue de muter en variantes qui pourraient être plus transmissibles, plus mortelles, ou les deux. Nous sommes dans une course entre les vaccins et les variantes : si les variantes gagnent, la pandémie pourrait en tuer des millions d’autres et retarder la reprise mondiale des années.
Si dans certains pays développés 70% des habitants sont vaccinés, le pourcentage n’atteint pas 1% dans les pays à faible revenu. La solidarité, c’est faire en sorte que tout le monde ait accès aux vaccins, rapidement.
Les promesses de dose et de financement sont les bienvenues. Mais soyons réalistes. Un milliard ne nous suffit pas, il nous faut au moins onze milliards de doses pour vacciner 70% de la population mondiale et mettre fin à cette pandémie. Les dons et les bonnes intentions ne suffisent pas ; Atteindre cet objectif nécessitera le plus grand effort mondial de santé publique de l’histoire.
Le G20, soutenu par les principaux pays producteurs et les institutions financières internationales, doit mettre en place un plan mondial de vaccination qui touche tout le monde, partout, dans les meilleurs délais.
Le deuxième test de solidarité consiste à jeter une bouée de sauvetage économique aux pays qui sont sur le point de ne pas pouvoir payer leur dette.
Les pays riches ont consacré l’équivalent de 28 % de leur PIB à surmonter la crise du COVID-19. Dans les pays à revenu intermédiaire, ce pourcentage monte à 6,5 % ; dans les pays les moins avancés, moins de 2 %.
De nombreux pays en développement sont désormais confrontés à des frais de service de la dette effarants, précisément à un moment où leurs budgets nationaux sont mis à rude épreuve et où leur capacité à lever des impôts est réduite. La pandémie augmentera le nombre de personnes extrêmement pauvres de quelque 120 millions dans le monde ; plus des trois quarts de ces « nouveaux pauvres » vivent dans des pays à revenu intermédiaire.
Ces pays ont besoin d’un coup de main pour éviter une catastrophe financière et pour investir dans une reprise vigoureuse.
Le Fonds monétaire international est intervenu pour allouer 650 milliards de dollars en droits de tirage spéciaux, le meilleur moyen d’augmenter les fonds disponibles pour les économies à court de liquidités. Les pays plus riches devraient acheminer la partie de ces fonds qu’ils n’utilisent pas vers les pays à revenu faible ou intermédiaire. Ce serait une véritable démonstration de solidarité.
Je salue les mesures que le G20 a déjà prises, telles que l’Initiative de suspension du service de la dette et le Cadre commun pour le traitement de la dette au-delà de l’Initiative de suspension du service de la dette. Mais ils ne suffisent pas. L’allégement de la dette doit être étendu à tous les pays à revenu intermédiaire qui en ont besoin. Les prêteurs privés devraient également se joindre à l’initiative.
Le troisième test de solidarité concerne le changement climatique. La plupart des grandes économies se sont engagées à réduire leurs émissions à zéro d’ici le milieu du siècle, conformément à l’objectif de 1,5 °C de l’Accord de Paris. Pour que la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques qui se tiendra à Glasgow soit un tournant, nous avons besoin que tous les pays du G20 et le monde en développement fassent le même engagement.
Mais les pays en développement ont besoin de garanties que leur ambition sera soutenue financièrement et techniquement, y compris les 100 milliards de dollars de financement climatique annuel promis par les pays développés il y a plus de dix ans. Cette attente est tout à fait raisonnable. Des Caraïbes au Pacifique, les économies en développement ont été aux prises avec d’énormes coûts d’infrastructure causés par un siècle d’émissions de gaz à effet de serre dont elles ne sont pas responsables.
La solidarité commence par la fourniture de 100 milliards de dollars et devrait inclure l’affectation de 50 % du financement climatique à l’adaptation, comme des logements résilients, des routes surélevées et des systèmes d’alerte précoce efficaces capables de résister aux tempêtes, aux sécheresses et à d’autres phénomènes météorologiques extrêmes.
Tous les pays ont souffert pendant la pandémie. Mais les approches nationalistes des biens publics mondiaux comme les vaccins, la durabilité et l’action climatique mènent à la perte.
Le G20, en revanche, peut nous mettre sur la voie de la reprise. Les six prochains mois révéleront si la solidarité mondiale transcende les simples mots et se traduit par des actions significatives. En réussissant ces trois tests critiques avec une volonté politique et un leadership de principe, les dirigeants du G20 peuvent mettre fin à la pandémie, renforcer les fondements de l’économie mondiale et éviter une catastrophe climatique.